Plateforme d'Enquêtes Militantes

Pour un 26 mai pimenté : les quartiers populaires en cortège de tête

23 Mai 2018, 01:12Par Plateforme d'Enquêtes Militantes0 commentaire

Pour une alliance à égalité contre ce système : secteurs en lutte et quartiers populaires, retrouvons-nous en tête de cortège ce samedi 26 mai à Paris !

 

Un appel récent du Comité vérité et justice pour Adama souligne à raison un fait aussi historique que décisif, bien qu’il soit le plus souvent occulté : les luttes sociales actuelles sont déjà des luttes antiracistes. C’est pourquoi, avec d’autres, nous appelons à répondre à cet appel.

 

crédits VL photo

 

La gauche instituée n’a jamais reconnu droit de cité aux instances des quartiers populaires. Comme si la répression et l’exploitation n’y avaient pas cours, elle se borne à déplorer que l’État et les entreprises aient abandonné les banlieues. Pourtant, chacun le sait, les pôles emploi, les agences d’intérim, les bailleurs sociaux et des profiteurs variés - du patron quelconque au capitalisme de plateforme - y déterminent les conditions de vie et de travail. La police y est pour sa part chargée de tyranniser au quotidien une partie des habitant.es des quartiers pour les terroriser toutes et tous. On le sait bien, l’État est omniprésent dans les quartiers populaires : il encadre une population dont il se défie à coups d’armes dites non-létales. Lorsqu’il ne restructure pas les quartiers pour les rendre profitables et les contrôler, il les fait quadriller militairement au moindre signe de vie collective et solidaire qui s’y manifeste, et il y prélève l’immense majorité des détenus destinés à peupler ses prisons. De même, le monde de l’entreprise ne rejette pas les Noirs et les Arabes : il sait fort bien les exploiter dans des boulots mal payés et harassants. L’État français, loin d’avoir délaissé ces territoires, autorise la brutalité et le cynisme des fonctionnaires du capital par une pression de tous les instants : le racisme d’État permet et soutient la surexploitation du prolétariat des banlieues.

 

Les prétendues zones de non-droit de la République sont en fait parsemées d’usines, d’entrepôts et de grands magasins où des luttes sont en cours. Les conflits récents l’ont montré : le monde du travail est bien noir pour celles et ceux dont la peau n’est pas blanche. Lutte des cheminot.te.s chibanis à la SNCF, sous-payés toute leur vie avant de se voir attribuées des retraites de merde ;


lutte des travailleu.r.se.s du nettoyage chez Onet, précarisé.es à outrance ; lutte des femmes noires qui se cassent le dos pour la clientèle de l’hôtellerie et les profits de secteur ; combat des ouvriers de la logistique de Geodis Gennevilliers, dans un entrepôt où les chefs sont majoritairement blancs, les ouvriers arabes et les intérimaires noirs ; combat des employé.e.s du Monoprix d’Issy-les-Moulineaux, obligé.es de prendre des bus de nuit pour aller bosser tous les matins dans un quartier chic, alors que leurs salaires diminuent et que les actionnaires se gavent.

 

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Dans d’autres mouvements, c’est bien moins l’absence des quartiers populaires que leur place, leur visibilité, la façon dont on s’adresse à ses habitant.es, la façon dont on construit ensemble qui posent problème. Depuis longtemps déjà, la nécessaire jonction entre travailleu.r.se.s et « étudiant.e.s » est invoquée. Par-delà la rigidité d’une telle distinction alors que ces derniers connaissent eux aussi la précarité de l’emploi, des liens plus ou moins solides se sont tissés à plusieurs reprises depuis la mobilisation de 2016 contre la Loi Travail. S’il n’est pas rare que des « étudiant.e.s  » se solidarisent avec des salariés en grève, on a récemment vu la CGT Vinci se déclarer contre la construction de l’aéroport à NDDL, des cheminot.te.s démarrer des manifs en donnant rendez-vous devant des facs occupés ou les dockers de Marseille débrayer contre une intervention policière à la fac de Saint-Charles. Ce qui fait défaut, comme l’a montré le soulèvement de 2005, c’est la généralisation de telles formes de solidarité en actes, avec et en direction des quartiers et des formes d’auto-organisation que leurs habitants y expérimentent. Certes, le cortège de tête est un lieu de rencontres hétérogènes et multiples, dont le dénominateur commun consiste en un écart et une prise de distance vis-à-vis des organisations « représentatives » et de la gauche institutionnelle. La manifestation de samedi 26 mai constitue une occasion nouvelle d’affirmer ce sur quoi peuvent se réunir ceux qui ne se reconnaissent pas dans ces forces instituées. 

 

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À nous, « étudiant.e.s, » précaires, chomeu.r.se.s et travailleu.r.seu.s en lutte, de saisir cette occasion en établissant et en consolidant des liens multiples avec toutes celles et ceux des quartiers populaires qui cherchent à lutter ou qui sont déjà en lutte. Seul le renforcement réciproque de nos luttes, sur la base de leur autonomie respective, peut inverser le rapport de forces ! Si le premier problème des quartiers n’est pas l’exclusion, mais la persécution policière et médiatique, et les discriminations violentes qui sont imposés à la plupart de leurs habitants ; si c’est les dominants qui peuvent s’« exclure », se mettre de côté et détourner le regard ; renvoyons-leur en pleine face la violence qu’ils produisent au quotidien. Parce qu’entre luttes antiracistes, luttes syndicales et luttes de la jeunesse précarisée, l’alliance ne doit en aucun cas rester un simple mot d’ordre, mais devenir l’ordre des choses. Commençons par le commencement : retrouvons nous pour affirmer notre opposition résolue au(x) racisme(s) comme aux violences policières et à l’exploitation !

 

Rdv samedi 26 mai à 14h30 à Gare de l’est

Paris le 23 mai

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