SAMEDI 24 NOVEMBRE
RDV 11H00 devant le MONOPRIX d’Asnières-sur-Seine
6 Place des Victoires – Métro Gabriel Péri
La grande distribution est un des secteurs qui exploite le plus massivement les femmes. Elles sont des milliers devant des caisses, derrières des rayons, à faire tourner cette immense machine à profit. Elles y laissent parfois leur santé, pour des salaires très faibles et bien souvent incomplets, temps partiels obligent. Si on hésite à parler de violence pour ce type de situation, c’est peut-être parce qu’on a du mal à s’imaginer jusqu’où ça peut aller. Pour s’en rendre (un peu) compte, rien de tel qu’une plongée dans un Monoprix de la banlieue parisienne, à Asnières plus précisément. Et pour s’opposer à ça, rien de tel qu’une présence physique et nombreuse, devant et dans le magasin, le matin du 24 novembre à 11H00.
Au Monoprix d’Asnières-sur-Seine, le 20 septembre 2018, une douzaine de salarié·es décident de stopper le travail. Ce sont principalement des femmes, caissières ou vendeuses, et aucune d’entre-elle n’est syndiquée. Ce débrayage sauvage, a été décidé collectivement pour faire face à une nouvelle direction qui impose des conditions de travail dégradées. Les effectifs n’arrêtent pas de diminuer, les cadences augmentent et les caissières se retrouvent seules sur des caisses isolées, face aux clients pressés de ce quartier bourgeois. Les temps nécessaires pour quitter son poste, aller en salle de pause, ou pour s’habiller ne sont pas décomptés. Par contre, les sanctions pleuvent pour une ou deux minutes de retard, pour des arrêts maladies ou lorsque les enfants sont malades.
Pour désigner plus facilement la violence produite par la nouvelle patronne, les caissières l’appellent « le bonhomme ». Depuis son arrivée, l’exploitation s’est transformée en mépris. De son bureau, elle pourrit non seulement les journées de travail mais aussi la vie en dehors. Par exemple, en imposant aux caissières de finir le travail plus tôt ou plus tard, sans se soucier de l’organisation du quotidien en termes de transport. Plus largement, ce sont tous les temps de vie qui peuvent être soumis aux volontés patronales. Les heures de récupération par exemple, sont systématiquement imposées et jamais payées. La violence managériale s’exerce aussi sur les corps, comme lorsqu’une salariée enceinte est arbitrairement transférée d’un poste d’accueil, moins pénible, à un poste de caisse.
Craignant la contagion suite au premier débrayage, la direction du magasin s’est attaquée à Aissata Keita, celle qui a le plus d’ancienneté. Après 27 années de travail dans ce magasin, pour à peine plus d’un SMIC, elle s’est fait licencier du jour au lendemain. On lui reproche des trucs absurdes, comme des retards de quelques minutes sachant qu’elle habite très loin, bas salaires oblige. Ou bien des comportements déplacés envers un client, sachant que ce client venait de l’insulter. La lettre de licenciement a été envoyée dès le lendemain du débrayage et même pas à la bonne adresse. Aissata est donc venue au boulot comme tous les jours, depuis des années, et c’est un huissier accompagné d’un vigile qui lui a annoncé la nouvelle.
Si Aissata a été visée, c’est aussi parce qu’elle a été déléguée syndicale du magasin pendant des années. Suite à des problèmes de santé, elle n’a pas pu se représenter aux dernières élections, mais elle continuait à dispenser ses conseils avisés, à soutenir les collègues dans le besoin et à maintenir une vigilance sur les pratiques de la direction. Puisqu’elle n’avait plus de mandat pour la protéger, ils en ont profité pour la virer. Juste avant la retraite, alors qu’il lui manque plusieurs années de cotisation et que c’est devenu une vraie galère de retrouver du boulot après 50 ans…
En effet, les patrons de la grande distribution préfèrent embaucher des corps moins fatigués par le travail, des corps qu’ils n’ont pas usés eux-mêmes. Comme beaucoup d’autres, Aissata a subi les douleurs au dos et aux avant-bras, les accidents de travail non déclarés ou les chutes liées à la pression quotidienne. Sans parler des insultes, sexistes ou racistes, de ces clients-rois que la direction défend quoi qu’il arrive. Le plus grave étant sûrement ces troubles du canal carpien, qui touchent massivement les caissières et dont les dégâts aux articulations des mains sont parfois irréversibles. Ces atteintes à la santé sont rarement reconnues au titre de maladie professionnelle car les grilles d'analyse sont conçues essentiellement à partir des métiers masculins.
Dans les secteurs majoritairement féminins, il est plus difficile d’avoir une implantation syndicale, de se mobiliser ou de défendre ses droits. Les caissières, comme bien d’autres, subissent de nombreuses contraintes liées aux codes sociaux du genre. Elles sont censées laisser leurs problèmes à la maison et subir les injonctions liées au travail féminin ! Tous ces exemples rendent compte de la violence contre les femmes : une violence qui dépasse très largement le cadre politique du féminisme institutionnel. Il faut un mouvement féministe puissant et offensif contre ce système d’oppression !
Plus qu’un licenciement, c’est la fin de toute contestation que veut obtenir la direction Monoprix. Depuis le 20 septembre, l’ensemble des salariées mobilisées sont surveillées, isolées et mises sous pression. Alors que certaines voulaient participer à des rassemblements de soutien, on leur a fait comprendre qu’elles perdraient leurs congés, posés longtemps à l’avance. Malgré tout, trois rassemblements syndicaux ont déjà été organisés pour demander la réintégration d’Aicha et pour appuyer la création d’une section syndicale dans le magasin [1].
Il est temps de taper un gros coup dans ce magasin et de mettre en avant la dimension anti-sexiste de ce combat. Suite à cette situation intolérable, on invite non seulement à rejoindre l'initiative de « Nous Aussi » et à prendre la tête du cortège féministe lors de la manifestation du samedi 24 novembre, mais aussi à commencer cette journée de lutte par une action !
Soyons nombreux·ses devant le magasin le 24 novembre à 11H00, pour un rassemblement en soutien à Aissata et à ses collègues mobilisées, avant de rejoindre la manifestation contre les violences faites aux femmes.
Parce que les luttes contre l'exploitation sont aussi des luttes féministes. Parce que les luttes féministes occupent un rôle majeur dans les combats contre l’exploitation, de même que les luttes antiracistes. Parce que les luttes anti-racistes sont aussi des luttes féministes. Nos alliances contre-attaquent !
SAMEDI 24 NOVEMBRE
RDV 11H00 devant le MONOPRIX d’Asnières-sur-Seine
6 Place des Victoires – Métro Gabriel Péri
[1] On pouvait y croiser aussi bien des syndicalistes de Monoprix, de la fédération du commerce que des ouvriers Geodis, des postier·es grévistes, des syndiqués de la sécurité, des militant·es de l’UL CGT Gennevilliers, ou des membres de la Plateforme d’Enquêtes Militantes
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